Offrir des fleurs, un geste chargé de symboles… mais aussi d’impacts cachés. Derrière la beauté d’un bouquet se cache souvent une réalité moins poétique : celle d’une industrie florale conventionnelle aux pratiques souvent néfastes pour la planète et les personnes. Chez Ecopreneur nous croyons aux alternatives à cette industrie et aux opportunités qu’elles présentent pour les écopreneurs d’aujourd’hui et de demain. Benjamin Broustey, fondateur d’Ecopreneur, vous parle aujourd’hui de ce sujet dont vous avez sans aucun doute déjà entendu parlé et explore les opportunités d’une floriculture plus responsable et régénératrice. En fin d’article vous aurez accès à la vidéo complète réalisée par Benjamin.
Un long voyage pour une courte vie : le coût environnemental des fleurs importées
Imaginez une rose coupée au Kenya. Elle est emballée, réfrigérée, puis chargée dans un avion pour un long voyage vers l’Europe. Arrivée à destination, elle est à nouveau transportée par camion jusqu’au fleuriste, où elle attend patiemment d’être achetée. Ce périple, qui peut dépasser les 10 000 kilomètres, a un coût environnemental considérable. En effet, 80% des fleurs vendues en France sont importées, principalement du Kenya, de la Colombie ou de l’Équateur, où elles sont cultivées dans des conditions souvent problématiques :
- Culture intensive sous serre : Pour maximiser la production, les fleurs sont cultivées sous serre, ce qui nécessite une irrigation massive et entraîne une consommation d’eau excessive, particulièrement dans des régions déjà confrontées au stress hydrique. De plus, la monoculture, pratique courante dans ce type de production, appauvrit les sols et les rend dépendants d’engrais chimiques.
- Pesticides et produits chimiques : L’utilisation de pesticides, souvent interdits en Europe, est monnaie courante dans certains pays producteurs. Ces produits chimiques ont un impact néfaste sur la biodiversité locale, polluent les sols et les eaux, et représentent un risque pour la santé des travailleurs agricoles.
- Transport énergivore : La réfrigération nécessaire pour conserver les fleurs fraîches durant leur long voyage, combinée au transport aérien puis routier, génère une importante quantité d’émissions de gaz à effet de serre, contribuant ainsi au réchauffement climatique. Au final, l’empreinte carbone d’une rose importée peut être jusqu’à dix fois supérieure à celle d’une fleur cultivée localement avec des pratiques respectueuses de l’environnement.
Au-delà de l’écologie : l’impact humain de l’industrie florale
L’industrie florale conventionnelle ne se contente pas d‘impacter l’environnement, elle a également des conséquences sociales importantes. Dans les pays producteurs, les conditions de travail des ouvriers agricoles, majoritairement des femmes, sont souvent précaires :
- Bas salaires et exposition aux produits chimiques : Les travailleurs sont souvent sous-payés et exposés sans protection suffisante aux pesticides et autres produits chimiques utilisés dans la culture des fleurs. Cela peut entraîner de graves problèmes de santé à long terme.
- Accès limité à l’eau potable : L’eau, ressource vitale, est souvent détournée des communautés locales pour irriguer les cultures florales intensives, aggravant les problèmes d’accès à l’eau potable pour les populations.
Le « naturel » revisité : décrypter le marketing de l’illusion
L’image de « naturel » et de « fraîcheur » véhiculée par l’industrie florale traditionnelle est souvent trompeuse. La réalité est bien différente :
- Conservation artificielle : Pour masquer les effets du long transport, les fleurs sont réfrigérées pendant des jours, voire des semaines, et aspergées de conservateurs chimiques pour prolonger artificiellement leur durée de vie. Ces pratiques dénaturent le produit et peuvent également avoir un impact sur la qualité de l’air intérieur.
- Déconnexion du terroir : Les fleurs importées sont disponibles toute l’année, indépendamment des saisons. Cette déconnexion avec le rythme naturel des écosystèmes contribue à la perte de la biodiversité et à l’homogénéisation des cultures.
Blooming Green : un modèle inspirant de floriculture régénératrice
Photo de Blooming Green
Face à ce constat alarmant, des initiatives inspirantes émergent, comme celle de Blooming Green, une ferme florale située au Royaume-Uni. Fondée par Jenny et Caroline, cette entreprise propose une alternative durable et éthique à la floriculture conventionnelle :
- Culture en harmonie avec la nature : Blooming Green cultive plus de 50 variétés de fleurs en respectant la biodiversité et la saisonnalité. Les méthodes de culture utilisées, inspirées de la permaculture, visent à régénérer les sols et à favoriser la faune locale.
- Circuit court et vente directe : Les fleurs sont vendues en direct aux clients ou à des artisans-fleuristes engagés, limitant ainsi l’impact du transport et favorisant l’économie locale. Cette approche permet également de garantir une meilleure rémunération des producteurs.
- Expérience client immersive : Blooming Green propose aux clients de cueillir eux-mêmes leurs bouquets, leur offrant ainsi une expérience unique et un lien direct avec la nature. Cette approche pédagogique sensibilise le public à l’importance d’une floriculture responsable.
Fleurir autrement : des alternatives pour un quotidien plus responsable
Photo de Blooming Green
Consommer des fleurs de manière plus éthique est possible. Voici quelques pistes :
- Privilégier le local et le saisonnier : Renseignez-vous auprès de votre fleuriste ou recherchez des producteurs locaux en circuit court. Des plateformes en ligne facilitent la mise en relation avec des fermes florales de votre région.
- Opter pour des bouquets secs ou des plantes en pot : Les fleurs séchées, en plus d’être esthétiques, durent beaucoup plus longtemps que les fleurs fraîches. Les plantes en pot, quant à elles, apportent une touche de verdure à votre intérieur tout en purifiant l’air.
- Soutenir les fermes florales en permaculture : En choisissant des fleurs cultivées selon les principes de la permaculture, vous encouragez des pratiques agricoles respectueuses de l’environnement et des écosystèmes.
- Cultiver son propre jardin floral : Même sur un petit balcon, il est possible de cultiver ses propres fleurs. C’est une activité gratifiante qui vous permet de renouer avec la nature et de profiter de la beauté des fleurs au quotidien.
Entreprendre dans la floriculture éthique : une opportunité à saisir
La floriculture responsable est un secteur en plein essor qui offre de belles opportunités aux entrepreneurs souhaitant allier passion, impact positif et rentabilité. Voici quelques idées :
- Créer une micro-ferme florale locale : Produire des fleurs localement en utilisant des méthodes respectueuses de l’environnement.
- Organiser des ateliers de création de bouquets éthiques : Sensibiliser le public à la floriculture responsable et transmettre des savoir-faire.
- Proposer un service d’upcycling floral pour les événements : Valoriser les fleurs invendues ou utilisées lors d’événements en créant de nouvelles compositions.
- Développer une plateforme de vente directe de fleurs locales : Faciliter la mise en relation entre producteurs locaux et consommateurs.
- Créer des coffrets cadeaux de fleurs locales et séchées : Proposer des alternatives durables et originales aux bouquets traditionnels.
- Proposer toutes sortes d’autres activités autour de la fleur comme certaines de nos écopreneuses.
