Quand on parle création d’Entreprise, on pense immédiatement « quel statut choisir ? »
Pourtant, le choix du statut est la cerise sur le gâteau … la dernière étape, l’aboutissement du processus ! Quelles sont les étapes de la création d’entreprise ? Êtes-vous bien passés par toutes les étapes ?
Quand on a une idée de business, on veut que tout aille très vite ! On a hâte de la voir se concrétiser ! De monter sa boite et de la voir tourner.
Alors, oui, à l’ère des réseaux sociaux et du numérique, on veut tout, instantanément. Or, la création d’entreprise est un processus. Êtes-vous prêts ?
Présentation : qui sommes-nous ?
Je suis Stéphanie, suis formatrice, accompagnatrice et vulgarisatrice en gestion d’entreprise & Ecopreneuse. Avec mon associé Cyrille, nous formons la 3èmeDimension.fr.
Dans la 3ème Dimension, on parle de gestion autrement pour aider les entrepreneur.se.s à gérer leur entreprise. On démystifie le fiscal, le social et le juridique pour que la gestion soit un jeu d’enfant. Adieu les phobies administratives ! Bonjour les entreprises qui tournent !
Et si on posait les bases
La création d’entreprise et le choix d’un statut juridique est un parcours labyrinthique.
Pourtant, vous constaterez qu’il est logique !
La théorie, c’est bien, mais c’est légèrement barbant, surtout en gestion, je vais vous raconter mon histoire d’entrepreneuse (ça fait bizarre de raconter mon histoire, et non pas celle de Georges, notre mascotte).
Cette histoire commence, il y a 10 ans, quand j’ai co-fondé ma 1ère boite, avec une amie, consœur, qu’on appellera Adeline.
Les étapes de la création d’entreprise
Mais avant de tout vous dire, un petit rappel :
L’immatriculation d’une boîte est un acte juridique !
Rien n’est définitif, ni rédhibitoire mais un statut juridique mal choisit lors de la création de votre entreprise peut être étouffant et entravant … Pire, il peut empêcher un entrepreneur de gagner sa vie ! Alors que vous souhaitiez devenir freelance, artisan, consultant, coach ou tout autre activité, il faudra faire un travail en amont pour trouver quel statut choisir.
Donc pour anticiper et gérer … La création de votre boîte est votre 1er acte de gestion ! Prenez le temps de peaufiner votre projet avant de choisir votre statut juridique.
Pour aboutir à un choix conscient et cohérent, il faut passer par 3 étapes à approfondir.
Pas de création, sans passer par ces étapes.
- Qui êtes-vous ?
- Que faites-vous ?
- Comment le faites-vous ?
Et puis, si votre statut ne vous convient plus au bout de quelques années ou suite à un changement de situation, vous pourrez en changer. On me demande souvent : quel statut après avoir été auto-entrepreneur ou quel statut après la micro entreprise ? En effet, votre activité pourra être amenée à évoluer en même temps que vous !
Vous : qui êtes-vous ?
Donc, il y a 10 ans, en juin 2012, avec Adeline, on a monté un cabinet d’expertise-comptable, en partant de zéro. Le projet était chouette ! La clientèle se développait.
Le cabinet était promis à un bel avenir ! Pourtant, 9 mois plus tard, la fête était finie !
Nous mettions un terme à notre association et à notre amitié. La SAS est devenue une SASU : j’ai vendu mes actions à ma consœur.
Pourquoi nous sommes-nous séparées ? Nous n’avions ni la même vision, ni les mêmes valeurs.
Ce fut ma 1ère leçon en création d’entreprise, hors livres et théorie : le projet peut être super rentable, si vous n’êtes pas en accord avec, ça ne le fera pas longtemps …
Alors, qui êtes-vous ? Quelle est votre vision et quelles sont vos valeurs ? Qu’est-ce qui vous motive ?
Du coup, je me suis lancée seule, en entreprise individuelle, en libéral, en 2013. Quelques mois plus tard, j’embauchais, mais ça c’est une autre histoire, pour un autre jour.
Pour en revenir à la création, quelques années plus tard : un confrère (nommons le Max) me propose de fusionner nos cabinets – nous serions associés. Je me suis souvenue de ma 1ère association : j’ai vérifié que nos valeurs étaient communes ! C’était bon ! Alors, nous avons entamé les négociations. Nous nous sommes vus 3 fois.
1er rendez-vous : on fusionne quoi ? Que proposait chacun ? La valeur de nos boîtes, la qualité du travail et des clients – Jusqu’à là, tout allait bien.
2ème RDV : se mettre d’accord sur le prix – c’est une étape importante et délicate ! On la passe avec brio !
3ème et dernier RDV : se mettre d’accord sur l’organigramme du futur cabinet et son fonctionnement…
Au retour, dans la voiture, j’ai su…
Je ne pouvais pas m’associer dans ces conditions : la hiérarchie ne me convenait pas.
J’allais devoir rendre des comptes sur des détails. Je n’aurais plus le choix de mes clients … j’avais l’impression de sacrifier ma liberté !
J’ai stoppé les négociations, en m’excusant très platement auprès de Max. On avait des valeurs similaires : il a compris et nous avons continué à travailler ensemble, mais en partenariat, pour notre plus grande joie.
Dans mon monde de Bisounours, j’avais fait le point sur mes valeurs, mes forces … pas sur le reste … mes faiblesses …
Et avouons-le-nous, on a vite fait d’embellir les choses … Bien sûr que j’aime travailler en équipe, mais …
Clairement, je suis allergique à la hiérarchie, comme certain pourrait être allergique à la paperasse !
Ça fait partie de qui je suis… J’y ai pensé à chaque fois qu’un nouveau confrère me contactait pour s’associer… être partenaire, oui, associée, non … quel gain de temps !
Alors, me direz-vous, « aujourd’hui, tu es associée », oui, mais ne mettons pas la charrue avant les bœufs ! Il y a eu d’autres projets…
Et VOUS, qui êtes-vous ? En toute honnêteté avec vous-même ? Vos forces et vos faiblesses, vos contraintes, vos limites…
Est-ce que vous êtes en cohérence avec votre projet ?
Et d’ailleurs, quel projet ?
Le projet : que faites-vous ?
C’est quoi votre idée ? Vous voulez vendre quoi ? A qui ? Avec quoi ?
Quelle que soit votre activité, une étude de marché est nécessaire ! Alors, le mot étude peut décourager … pourtant rien de sorcier : qui sont vos clients, qui sont vos fournisseurs et qui sont vos « concurrents » ? Qui sont les acteurs du marché ? Avec quelles contraintes (une réglementation particulière ou autre ?) ?
Et qu’est-ce qui vous distingue des autres ?
(Le jargon … ça rebute … mais ça fait pro ! Glissez à votre banquier que votre « étude de marché est bouclée », ça aide !)
La grande majorité des créateurs que j’ai rencontré ne voyaient pas l’intérêt, puisque leur idée est géniale : il y aura forcément les clients ! Oui, mais vous leur vendez quoi ? A quel prix ? Et, du coup, vous allez devoir produire combien de produits ou d’heures ?
Je n’ai pas lancé de projet sans étude de marché … par contre, j’ai plusieurs projets qui se sont arrêtés à cette étape !
Un exemple :
En 2019, la loi PACTE a profondément modifié l’avenir de ma boîte. Je devais rebondir… Ni une, ni deux, j’engage une reconversion professionnelle !
Adepte de permaculture, je me suis inscrite à l’Ecole d’herboristerie, avec le projet de monter une micro-ferme (nous sommes à la campagne, ça aide). L’horticulteur du coin pouvait nous fournir la grosse majorité des plants et des arbres. La demande était là, l’offre pas encore tout à fait. En tout cas, le marché était (est toujours) en pleine expansion !
Les curseurs sont, tous, au beau fixe !
Valeurs, famille, clients, fournisseurs, concurrents très peu nombreux, tréso, tout était OK. Pourtant, ce beau projet n’a pas abouti … Pourquoi ?
Pas parce que j’ai abandonné l’école. Non ! ça, ce fut la conséquence …
C’est l’étude de marché qui m’a indiqué que ce n’était pas pour moi …
J’ai vu le nombre de salades qu’il fallait vendre pour atteindre le point mort … Donc, le nombre de salades à planter …
18 234 !!! J’ai beau être végétarienne, j’aime pas la salade à ce point …
Surtout, je ne suis pas ce qu’on qualifie de « manuelle » … Selon certains, j’ai 2 mains gauches en étant droitière. Pour ajouter un peu de couleurs au tableau, je ne suis pas très très rapide, dans le jardin : je plante une rangée de 15 salades en 30 minutes, le temps de regarder le papillon…
Ça faisait plus de 600h … uniquement pour les salades !
Ajoutez tous les autres légumes et fruits … et ça, c’est la plantation. Ne parlons pas de l’entretien, la chasse aux limaces, les récoltes, la transformation des fleurs, la vente et de la gestion de la micro-ferme …
Bref … il y avait un gros problème de cohérence entre le projet et mes capacités.
Dans l’euphorie de mon idée, je n’avais pas pris conscience de la charge de travail … Merci l’étude de marché !! Du coup, les salades sont plantées (merci Cyrille), enfin, pas toutes – 18 234, c’est trop pour notre consommation et celles de nos potes. Ce projet n’a pas évolué en business mais en hobby.
Que souhaitez-vous vendre ? A qui ? Et comment ?
Avez-vous fait votre étude de marché ? Toujours en cohérence ?
Sinon, pouvez-vous modifier votre projet pour qu’il tienne la route ? Que ce soit une association, un partenariat, un autre modèle économique ….
Toujours pas ? Alors, il vaut mieux le savoir avant de s’engager !
Si tout est toujours en cohérence, alors, on attaque le dernier thème à aborder : L’argent !
Le budget : comment, combien pour lancer son entreprise ?
« Je dis, argent, trop cher
Trop grand
La vie n’a pas de prix » – Téléphone
Vous et votre projet êtes en cohérence ! C’est bien parti !
Sauf que vos fournisseurs ont beau être des partenaires, ils ne seront pas payés avec de l’amour et de l’eau fraîche !
Maintenant, comment financer votre création d’entreprise ?
Qu’on le veuille ou non, l’argent est le nerf de la guerre …
Il en faut ! Mais, il en faut combien ? D’où provient-il ? Comment allez-vous vivre pendant les débuts de votre boîte ?
Vous aurez besoin d’un prévisionnel et de définir vos besoins.
Côté entreprise :
En 2012, avec Adeline, en bonnes pros de la compta, nous avions bien bouclé le financement de la boîte, tant la création que le démarrage.
Nous avions un emprunt pour le matériel informatique et les logiciels : il n’y avait pas le cloud, à l’époque – on achetait des logiciels, un bras ! Le capital social et les honoraires des 1ers clients payaient les loyers et les charges des 1ers mois.
La trésorerie de la boîte était OK ! Mais un entrepreneur n’est pas qu’une boîte. C’est aussi un Humain.
Côté perso :
Côté perso, la situation était plus compliquée ! Je n’ai pas bien vécu le statut d’assimilée salariée.
On partait de zéro, je bossais comme une folle et après avoir payé l’échéance de l’emprunt et les cotisations, il ne restait pas grand-chose … Malgré tout le respect que je porte au système par répartition, c’est-à-dire à la sécurité sociale, je n’avais pas le luxe de me le permettre (Outch ! une hécatombe chez mes Bisounours !).
Mes économies (pourtant, on avait vu large – 6 mois) et le capital de Pôle-emploi se réduisaient comme neige au soleil …
D’ailleurs, petite parenthèse, si vous êtes à Pôle-emploi, contactez-les, avant toute immatriculation et informez-les ! ça permet d’accéder à certaines aides !
Une société coûte dans le seul fait d’exister : je devais réduire les coûts pour augmenter mes revenus ! En quittant Adeline, je n’ai pas eu besoin de réfléchir longtemps pour savoir que l’exercice en libéral était ce qui me conviendrait ! Plus flexible et moins coûteux … mais avec d’autres contraintes ! Contraintes qui me convenaient parfaitement. De quoi parle-t-on principalement ? Des responsabilités qui ne se limitent pas aux apports.
J’étais au clair avec ça !
Votre projet sera bouclé et vous pourrez choisir votre statut quand vous aurez répondu à ces 3 questions :
- Côté perso, comment allez-vous vivre pendant les mois ou l’année à venir ?
- Comment allez-vous financer le démarrage de votre boîte ? La création, le stock, …. Tout ce dont vous avez besoin pour commencer.
- Comment allez-vous financer les premiers mois d’activité de la boîte ?
En répondant à ces questions, vous avez déjà une esquisse de prévisionnel !
Et aujourd’hui ?
J’ai co-fondé La 3ème Dimension, avec Cyrille, mon mari. Quel statut a-t-on choisit ? C’est une SAS … Oui !! j’y suis revenue !
Parce que, pour ce projet, ce statut est juste.
Tout d’abord, nous sommes 2. L’entreprise individuelle n’est donc pas un choix !
Alors, pourquoi ne pas choisir une SARL et éviter le statut d’assimilée salariée ?
Nous avons fait le choix de ce statut car c’était le meilleur équilibre, pour nous, entre rémunération, protection sociale et coût.
- La rémunération est réfléchie sur 2 stratégies : la rémunération du travail et la rémunération du capital. En d’autres termes, salaires, tous les mois et dividendes, une fois par an. Le régime des dividendes est plus avantageux en SAS, qu’en SARL, même si la rémunération mensuelle est plus « chargée ».
- La protection sociale d’assimilée salariée me convient bien, après quelques burn-out.
- En contrepartie des 2 premiers points, le petit surcoût des cotisations salariales nous semble juste.
Bref, 10 ans ont passés : nos besoins et notre situation financière ne sont plus les mêmes.
Côté futur, si on devait grandir, on aimerait se diriger vers une SCOP. Toujours ce fameux concept de hiérarchie 😉.
Donc, nous souhaitons que les titres (parts ou actions) soient transmissibles, facilement.
Et la transmission des actions est plus simple en SAS.
La société par actions simplifiée était en cohérence avec nous, notre projet et la trésorerie.
J’ai testé de nombreux projets, été en entreprise individuelle & en société et surtout j’ai accompagné de nombreux créateurs, en tant qu’expert-comptable ou au sein de commissions de financement pour les prêts d’honneur.
Mon unique conseil : prenez le temps !
D’expérience, les boîtes ouvertes en urgence, ferment très vite …
Prenez le temps de construire et de valider la cohérence de votre projet avant de choisir vos statuts. C’est votre 1er acte de gestion !
Pour résumé, le choix du statut pour une création d’entreprise
Il se fait après avoir approfondi la cohérence entre vous, votre projet et son financement.
Seulement et alors seulement, vous pourrez choisir un statut, en fonction de vous, votre projet et son financement.
Eh oui, ce choix est imposé pour certaines professions (comme les buralistes), mais sinon, c’est un choix personnel qui découle de vos contraintes, de vos préférences, de vos valeurs, etc. …
Bref, le choix du statut est une décision personnelle. A jobs identiques, le statut ne le sera pas forcément …
Pour résumer, vous connaître, l’étude de marché et le prévisionnel sont des incontournables de la création d’entreprise, même en micro.
Sachez où vous allez mettre les pieds : Anticiper, c’est mieux que subir ! En tout cas, c’est ce qu’il se dit dans le monde de la gestion !
Allez plus loin
Si notre manière d’aborder la création vous plaît, vous trouverez d’autres articles sur la création d’entreprise, sur le blog de notre site : https://la3emedimension.fr/
Et pour vous initier autrement à la gestion d’entreprise, inscrivez-vous aux Anecdotes de Georges.
Chaque vendredi, nous vous racontons une histoire sur la gestion de l’entreprise de Georges, notre mascotte, notre anti-héros, qui n’est pas un gestionnaire dans l’âme. L’idée : Vous initier à la gestion, sans prise de tête !
On parle création, gestion, compta, fiscalité, social, juridique, cybersécurité, etc… Mais surtout on y a parle des derniers changements et sujets d’actualité.
Bref, on parle de gestion, autrement, pour que votre boîte tourne ! A vendredi !
Sources :
https://www.economie.gouv.fr/entreprises/creation-entreprise-etude-marche