Activité à la fois d’exploitation agricole et d’importance capitale pour l’environnement, l’apiculture est un métier aux multiples facettes. S’il est vrai que l’on travaille avec les abeilles pour récolter leur miel et autres produits de la ruche, la préservation de cet insecte mellifère est aujourd’hui au cœur de la problématique. Quelles sont les missions de l’apiculteur et comment le devenir ? Quelles sont les activités liées à l’apiculture ? Pourquoi ces amis des abeilles ont un rôle essentiel pour la préservation de la planète ?
Qu’est-ce que l’apiculture ?
Lorsque l’on pense apiculture, on pense récolte du miel. C’est un des aspects du métier d’apiculteur, mais pourtant réducteur ! L’apiculture est d’abord une activité agricole. Comme les vaches sont élevées pour leur lait, ou les champs exploités pour leurs légumes, l’abeille est élevée pour son miel et produits dérivés ou pour polliniser les cultures. L’apiculture est, par essence, la gestion et le soin des abeilles. L’apiculteur entretient et surveille les ruches et, une fois les produits de la ruche prêts à être récoltés, les extraient et les traitent pour la consommation humaine. Il peut aussi fournir des services aux producteurs de fruits et légumes à des fins de pollinisation et élever des reines pour les vendre à d’autres agriculteurs.
Aujourd’hui, 2 méthodes s’affrontent : l’apiculture moderne et l’apiculture traditionnelle « naturelle ». La première est orientée vers la production intensive de miel et ses dérivés. Pour ça, des abeilles hybrides créées par l’humain, comme la Buckfast, sont utilisées. Elles sont nourries principalement au sirop de sucre. Des alvéoles artificielles sont mises en place pour la production du miel, et des centrifugeuses sont utilisées pour la récolte du nectar doré. Des méthodes à visée de rendement mais qui dénaturent l’activité et épuisent les abeilles.
À l’inverse, en apiculture naturelle, on respecte le rythme naturel de l’abeille, et on privilégie des espèces locales, parfaitement intégrées à leur environnement. Le miel est en grande partie utilisé pour nourrir les abeilles, et tous les produits du rucher conservent donc leur intégrité et leurs propriétés, même si la production est moindre. C’est aussi le seul moyen d’assurer la pérennité de ce petit insecte, dont l’alimentation de l’homme dépend en grande partie.
Comment se déroule le métier d’apiculteur ?
L’apiculture est une activité saisonnière, dépendante du cycle de vie des abeilles qui se cale sur le climat et les températures.
Réveil des abeilles et pollinisation
À la sortie de leur hivernage (entre octobre et mi-janvier), les abeilles se remettent en activité et fournissent à la reine les réserves nécessaires pour qu’elle puisse pondre. Le rôle de l’apiculteur est de s’assurer que les abeilles ont de quoi s’alimenter pour pouvoir tenir jusqu’à l’arrivée du printemps. Si nécessaire, il leur procure du candi, un pain constitué de sucre, de miel et de pollen, pour les aider à retrouver leurs forces. Les jeunes essaims peuvent aussi recevoir du miel pour se nourrir, surtout au début. Les visites sont très régulières auprès des jeunes essaims (tous les 3 jours).
À partir de la mi-avril, les larves sont devenues des abeilles, et les colonies sont donc constituées. Elles sont prêtes à récolter le pollen des fleurs de printemps et/ou à polliniser les champs aux alentours. Les visites au rucher sont un peu plus espacées. L’apiculteur vérifie que les abeilles ne manquent pas de place. Quand c’est le cas, il s’assure de leur fournir de nouveaux cadres afin d’éviter un essaimage naturel : les abeilles à l’étroit peuvent former une nouvelle colonie et se mélanger à d’autres colonies aux alentours. Si les abeilles voisines sont issues d’une autre espèce, cela peut mener à une hybridation qui n’est pas souhaitable. Les abeilles locales et rustiques sont en effet plus résistantes aux maladies et aux conditions climatiques difficiles.
Récolte du miel et autres produits de l’abeille
Aux alentours du 15 juillet, la récolte de miel a lieu. L’apiculteur doit alors porter une combinaison de protection, des gants et un voile pour éviter de se faire piquer. Un enfumoir (un appareil qui libère de légères bouffées de fumée) est parfois utilisé pour calmer les abeilles qui s’agitent. Il est de la responsabilité de l’apiculteur de retirer le miel au fur et à mesure qu’il est prêt pendant les mois d’été. L’apiculteur doit aussi ajouter des boîtes supplémentaires contenant des rayons si les abeilles ont besoin de plus d’espace pour produire. Il est important pour la production de miel que les abeilles aient suffisamment d’espace dans leurs ruches, afin qu’elles fonctionnent à un niveau optimal. À mesure que la production de miel s’accélère, l’apiculteur doit savoir quand fournir cet espace.
Le professionnel apicole, s’il souhaite vendre sa récolte, se charge ensuite du filtrage et de la mise en pot. Le miel n’est pas le seul produit issu des abeilles : il y a aussi du pollen, de la gelée royale, de la propolis, ou encore de la cire. Ces matières, 100 % naturelles, ont toutes des vertus pour la santé et sont très recherchées.
Préparation de l’hivernage
À partir de fin août, l’apiculteur prépare déjà la prochaine mise en hivernage. Il doit s’assurer que les abeilles sont à l’abri des prédateurs, parmi lesquels le frelon asiatique, et le varroa destructor. À ce moment-là, les colonies commencent aussi à décliner naturellement, les ressources se faisant plus rares. L’apiculteur peut alors choisir de les nourrir d’un sirop, ou dans l’idéal de leur réattribuer une partie de leur production de miel.
Puis courant octobre, l’apiculteur doit « resserrer les rangs », c’est-à-dire regrouper les abeilles sur un nombre limité de cadres, pour qu’elles puissent se tenir chaud autour de la reine. Cette dernière ne pondra pas pendant environ 60 jours, et ne reprendra du service que fin janvier.
Au quotidien
À côté de ça, l’apiculteur passe beaucoup de temps à observer ses amis les abeilles : leur travail à la ruche, leurs interactions avec leur colonie, leurs déplacements, etc. La patience et l’observation sont des qualités essentielles pour assurer la pérennité de son activité. L’apiculteur doit aussi entretenir son rucher : fabriquer ou réparer des cadres, des ruches… Même si ce n’est pas obligatoire, il est recommandé d’être bricoleur pour être le plus autonome possible dans son activité. Enfin, en tant qu’indépendant, il doit prendre le temps de gérer son activité : effectuer ses tâches administratives, se rendre disponible pour ses clients (soit en vente directe, soit aux professionnels), et surtout, continuer de se former.
Les différentes activités de l’apiculteur
Production et vente des produits de la ruche
L’activité la plus évidente lorsque l’on devient apiculteur, c’est bien entendu l’exploitation des produits du rucher. On pense principalement au miel, mais les abeilles nous procurent bien d’autres substances naturelles bénéfiques pour la ruche et pour notre santé : la propolis, composée de résines de végétaux et de cire, les pollens récoltés sur les fleurs, et la gelée royale. On récupère enfin la cire d’abeilles au moment de la récolte du miel : celle-ci forme des opercules protégeant le miel dans les alvéoles fabriquées par les abeilles cirières.
Production et ventes de produits dérivés
Certains apiculteurs choisissent de transformer les produits de la ruche directement dans leur exploitation. Ils peuvent ainsi vendre :
- leurs bougies en cire d’abeille ;
- des cosmétiques (baume à lèvres, baume cicatrisant, savons, gels douches…) ;
- des produits de bien-être comme des compléments alimentaires à la gelée royale ou des gommes à mâcher à la propolis ;
- de l’encaustique à base de cire pour les meubles ;
- des pâtisseries et confiseries à base de miel ;
- etc.
D’autres propriétaires de ruchers peuvent s’associer à des professionnels de cosmétiques ou de la pâtisserie pour déléguer la production des produits dérivés, ou encore leur vendre leur récolte.
Formations et stages en apiculture
C’est un fait, de nombreuses personnes souhaitent chaque année se lancer dans l’apiculture (c’est peut-être votre cas si vous lisez cet article). Alors quoi de mieux que de se former auprès d’un vrai professionnel, passionné et expérimenté ? Au-delà de la transmission, ces formations permettent de préserver un peu plus les abeilles dont la population décline chaque année.
Vous pouvez aussi proposer des stages d’initiation à destination du grand public, y compris les plus jeunes. C’est idéal par exemple dans le cadre d’une sortie scolaire à dimension écologique.
Animation de ruchers en collectivités ou en entreprise
La demande, notamment dans les grandes villes, est de plus en plus forte. L’apiculteur peut ainsi proposer ses services pour animer des ruchers pour les entreprises, les hôpitaux ou encore les écoles. Il peut également vendre des prestations de conseil.
Élevage et sélection d’abeilles pour la vente d’essaims
À qui s’adresser pour acheter un premier essaim et devenir apiculteur ? À un apiculteur, pardi ! La sélection d’abeilles est donc une activité envisageable. Il s’agit de retenir une colonie selon des critères bien spécifiques : âge de la reine, fécondité, résistance aux maladies, qualité de l’hivernage… pour pouvoir assurer la pérennité de l’espèce. L’apiculteur peut ensuite pratiquer l’élevage de reines et d’essaims en vue de les revendre. En privilégiant des espèces d’abeille de qualité (de préférence locales et rustiques), il sera rapidement reconnu pour son sérieux et son savoir-faire.
Visite guidée de ruchers
S’il aime le contact avec le public, l’apiculteur peut décider de transmettre sa passion en organisant des visites guidées de son rucher et de son exploitation. Cette activité liée à l’agrotourisme est également un moyen de sensibiliser un maximum de personnes de tout âge sur l’importance de la survie des abeilles pour notre environnement.
Nous vous invitons à découvrir les témoignages, les parcours, les produits et les services proposés par nos apiculteurs écopreneurs. N’hésitez pas à les contacter, ce sont des véritables mines d’information sur les abeilles et ils proposent d’excellentes formations en apiculture que vous soyez débutant ou expert, adulte ou enfant, apiculteur amateur ou professionnel.
Les formations et diplômes pour devenir apiculteur professionnel
Si vous voulez changer de vie après la crise, l’apiculture est un métier accessible sans diplôme pour peu que vous y mettiez du cœur. En revanche, la survie de vos futures colonies d’abeilles dépend directement de votre capacité à vous en occuper correctement. Il existe pour cela plusieurs formations d’État dispensées en CFA ou en CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole), dont le Brevet Professionnel REA (responsable d’entreprise agricole) option apiculture, accessible post-bac, ou des titres d’apiculteurs réalisables en apprentissage. Vous pouvez aussi décider de vous former directement auprès d’apiculteurs : rien de tel qu’une immersion en milieu professionnel. Ensuite, place à la pratique et à l’observation.
Il peut être intéressant à ce stade de vous former à l’entrepreneuriat. Cela vous permettra d’acquérir les compétences et les outils nécessaires pour la gestion de votre activité au quotidien : outils à utiliser, vente, maitrise d’internet, communication…
Comment débuter son activité d’apiculteur indépendant ?
S’établir en tant qu’apiculteur est très simple : un espace extérieur, un peu de matériel, et vous pourriez commencer très rapidement. Si vous aimez le bricolage, il est tout à fait possible de fabriquer vos propres cadres et vos ruches avec des matériaux de récupération. Dans le cas contraire, vous devrez prévoir un investissement de départ pour vos premières ruches. Si vous souhaitez produire du miel (ce qui est fort probable), vous devrez impérativement trouver un bâtiment dans lequel vous installerez tout le matériel d’extraction et de mise en pot. Les surfaces et la quantité de matériel à prévoir sont dépendantes du nombre de ruches que vous souhaitez exploiter. Vous devrez également prévoir un véhicule pour transporter vos ruches, ainsi que des fournitures consommables pour assurer le quotidien de vos abeilles.
Une fois les questions matérielles réglées, il vous faut choisir l’abeille avec laquelle vous travaillerez, et vous procurer un essaim. Privilégiez plutôt une espèce endémique, locale et rustique, comme l’abeille noire. Une abeille élevée dans son environnement sera plus résistante, plus heureuse, et plus à même d’assurer la pérennité de votre activité. N’hésitez pas à prendre conseil auprès de plusieurs éleveurs passionnés de votre région. Ils ont déjà probablement fait toutes les erreurs possibles et pourront vous éviter de perdre du temps et de l’argent. Lorsque vous aurez trouvé une espèce qui vous convient et un éleveur de confiance, vous pourrez alors lui acheter un essaim pour démarrer votre activité.
Attention : il faut souvent plusieurs années (au moins deux) pour installer son activité. Il est fort probable que vous génériez peu de revenus pendant cette période. N’hésitez pas à demander conseil à des apiculteurs professionnels qui sauront vous orienter.
2 Responses
Madame , Monsieur
je souhaite me former à la profession d’apiculteur car j’envisage monter activité commerciale dans ce domaine .
Je serai ravi de vous rencontrer pour mettre en place une stratégie afin de pouvoir atteindre mes objectifs de formation pour réaliser mon projet à long terme.
Bonjour !
Nous sommes ravis pour vous que vous entrepreniez un projet qui va vous changer la vie et améliorer le monde.
Si vous souhaitez vous former en apiculture nous vous invitons à vous former auprès d’un apiculteur près de chez vous ou auprès d’un organisme de formation avec une spécialité apicole. Vous pouvez découvrir les formations de nos écopreneurs apiculteurs dans leurs témoignages suite à la formation Ecopreneur.
Si vous souhaitez vous former à l’entrepreneuriat écologique, éthique et durable nous vous invitons à nous contacter par email à info@ecopreneur.fr. Vous pouvez aussi télécharger notre livre gratuit pour en savoir plus sur l’entrepreneuriat écologique.
À bientôt !