Depuis des millénaires, les plantes médicinales ont été employées pour la santé de l’Homme, et le métier d’herboriste (homme ou femme des plantes), indissociable d’une tradition et d’un savoir séculaire intimement liés à l’évolution de toutes les grandes civilisations.
Toutefois, le diplôme d’herboriste, supprimé en 1941 en France sous le régime de Vichy, a sonné le glas de cette profession, actuellement en train de disparaître, remplacée aujourd’hui par le métier de pharmacien.
Malgré cela la demande dans la société française de pouvoir avoir accès aux soins par les plantes (phytothérapie, aromathérapie) en complément de la médecine conventionnelle se développe fortement depuis quelques décennies, tandis que les femmes et les hommes détenteurs de cet héritage multimillénaire sont en train de disparaître, faute d’une réhabilitation officielle du métier et d’une transmission suffisante aux nouvelles générations.
Alors, peut-on toujours devenir herboriste aujourd’hui, comment se former et comment lancer son activité autour des plantes médicinales ?
Manon, écologue et herbaliste diplômée de l’Ecole Lyonnaise des Plantes Médicinales (ELPM) en 2021 et surtout fondatrice de Melle Apothicaire, t’explique tout dans cet article.
Qu’est qu’un herboriste ?
D’après le Robert, un ou une herboriste est une personne qui vend des plantes médicinales et des préparations à base de plantes. Voilà donc une bien maigre définition pour un métier d’une telle richesse !
Pour détailler un peu plus, le métier d’herboriste consiste plus globalement à produire, transformer, formuler des mélanges, vendre et conseiller des plantes médicinales.
Un métier pour les amoureux des plantes et de la nature
Très souvent, ce sont des femmes et des hommes profondément amoureux de leur métier, des plantes et de la nature en général, tissant un lien unique entre le monde vivant végétal et l’être humain.
Autrefois, ce métier était exercé en herboristerie de comptoir, en relation directe avec le médecin qui délivrait des ordonnances en proposant une formulation et une posologie adaptée au patient.
Le métier d’herboriste aujourd’hui remplacé par celui d’herbaliste
Ce métier a désormais été remplacé par le métier de pharmacien, seule personne habilitée à délivrer des médicaments ainsi que des conseils médicaux en officine.
Aujourd’hui, le métier d’herbaliste (puisque le terme d’herboriste, réservé aux personnes diplômées d’avant 1941 est aujourd’hui interdit d’usage) est souvent confondu avec celui de naturopathe, métier bien plus récent et mieux connu.
Toutefois, le cursus de formation d’un naturopathe et d’un herbaliste reste assez différent, l’herbaliste étant quant-à lui plus spécialisé dans la délivrance de conseils en relation avec les plantes médicinales (le naturopathe étant pour sa part plus polyvalent, avec des outils de médecine naturelle plus diversifiés).
Toutefois, les écoles sérieuses d’herbalisme enseignent aux futurs praticiens à construire un accompagnement de manière holistique, en intégrant la sphère physique, mentale, émotionnelle, menant tout un travail sur l’hygiène de vie, l’alimentation et l’environnement en plus de l’usage des plantes médicinales pour améliorer le quotidien des personnes venant les consulter.
Comment devenir herboriste aujourd’hui ? Les deux voies de reconversion professionnelle possible
Aujourd’hui, le métier d’herboriste n’est plus reconnu ni règlementé par l’état. Il existe donc un flou juridique complexe avec un risque de dérives parfois dangereuses ou de création de centres de formations peu solides ou sérieux.
De nombreuses personnes travaillant dans la filière des PPAM (Plantes à Parfum, Aromatiques et Médicinales) travaillent ainsi d’arrache-pied pour faire reconnaître le métier, et dont la voix est portée depuis de nombreuses années par le Sénateur Joël Labbé qui tente de faire à nouveau légiférer cette profession.
Malgré tout, tout n’est pas perdu et il t’est tout de même possible de te former. A ce titre, plusieurs voies sont envisageables.
La voie du métier de conseiller en plantes médicinales (accompagnement en cabinet ou vente de produits naturels en magasin spécialisé)
Plusieurs associations et écoles privées françaises d’herboristerie se sont regroupées en fédération afin de faire reconnaître le sérieux de leur formation et assurer la survie de la profession d’herboriste.
Si tu souhaites te former à l’herboristerie, Manon t’invite donc à contacter les écoles inscrites à cette fédération, qui sont un vrai gage de sérieux et auprès desquelles tu pourras acquérir des connaissances et des compétences de base solides pour apprendre le métier de praticien herboriste conseil.
La voie du paysan herboriste (cueillette, culture et transformation de plantes médicinales)
Il s’agit ici d’entamer un cheminement vers la formation et l’installation agricole. À ce titre, il te faudra entamer plusieurs démarches :
- Prendre rendez-vous au Point Accueil Installation de la Chambre d’agriculture de ton département ;
- Construire un Parcours Professionnel Personnalisé avec un conseiller de la chambre d’agriculture qui, le cas échéant, t’orientera vers une ou plusieurs formations agricoles selon ton parcours ;
- Te rapprocher également des ADEAR ou des CIVAM de ta région ;
- Obtenir la capacité agricole, soit par la voie de la formation (tout diplôme agricole de niveau 4), soit par la voie de la VAE, soit sur dérogation auprès de la DRAAF ;
- Le plus souvent, t’inscrire à une ou plusieurs formations agricoles courtes, dédiées aux adultes en reconversion existent, comme le BPREA (Brevet Professionnel de Responsable Agricole) spécialisation PPAM ou Paysan herboriste qui se réalise en CFPPA, soit en présentiel, soit à distance.
Ok, c’est génial tout ça ! Mais après, quels sont les débouchés, comment créer ton activité et en vivre ?
Comment vivre de son activité d’herboriste ?
Malgré la non-reconnaissance officielle du métier, de nombreux débouchés d’herboristerie sont aujourd’hui possibles pour travailler avec les plantes médicinales.
Voici plusieurs grandes pistes que tu pourras ainsi emprunter une fois ton diplôme en poche :
- Intégrer les plantes médicinales à ton métier si tu travailles déjà dans les domaines du médical, du paramédical ou du bien-être (infirmier.re, diététicien.ne, sage-femme, médecin phytothérapeuthe, sophrologue, psychologue, kinésithérapeuthe, masseur.se…) comme spécialisation ;
- Ouvrir ta propre boutique de produits naturels et travailler en relation avec les petits producteurs paysans de ta région (herboristerie de producteur engagée) en physique, en ligne ou en itinérance
- Ouvrir un cabinet libéral d’accompagnement par les plantes et travailler à améliorer le confort des clients dans leur quotidien (sans toutefois se substituer au médecin, mais en travaillant sur les axes de la prévention, du confort et du bien-être) ;
- Développer des programmes d’animations, d’ateliers, de sorties ou de formations en présentiel ou en ligne autour des plantes médicinales pour transmettre cette connaissance au sein de la population.
Et pour apporter un gage de sérieux à ton activité, n’hésites pas à t’inscrire au sein de réseaux de professionnels reconnus afin de nouer des relations et d’être tenu.e au courant des avancées juridiques concernant le métier, comme le Syndicat des Simples qui réalise un travail formidable auprès des cueilleurs et paysans herboristes, ou bien de la Guilde Française des praticien.nes Herboristes si tu t’orientes plutôt vers le conseil et l’accompagnement.
Et voilà tu sais tout ! Alors, prêt à te lancer ?
N’hésite pas à partager cet article autour de toi et à m’écrire si tu as des questions, Mlle Apothicaire serais ravie d’échanger à ce sujet avec toi.
Et si tu souhaites en savoir plus, découvrez le blog de Manon. Elle imaginé ce blog comme un atelier d’Apothicaire des temps modernes ouvert à tous les apprentis herboristes d’aujourd’hui qui veulent réapprendre l’art et l’usage des remèdes naturels maison.
Ou découvres sa lettre d’infos pleines d’astuces, de conseils, de recettes, mais aussi d’anecdotes et de bonne humeur à mettre dans ta tasse, deux dimanches par mois.
3 Responses
Super article
Merci Patrice 🙂
Bonjour, une formation d’herboriste est née en 2023, nommée Paysan Herboriste par la fédération du même nom. Belle journée