Lassés par les bords de mer bondés en été ou les périples à un rythme trop soutenu ? Prenez le temps de vous vraiment vous ressourcer au vert ! Découvrez l’agrotourisme, une forme de tourisme alternatif dans laquelle vous pourrez profiter des bienfaits d’un séjour nature. S’immerger dans une activité agricole, profiter de la gastronomie locale, ou dormir dans une cabane, nombreuses sont les options pour vous faire profiter d’une expérience à la ferme. Mais que signifie réellement agrotourisme ? Et quels sont ses bénéfices ? Enfin, en tant que professionnel·le de l’agriculture, comment pouvez-vous vous lancer ?
L’agrotourisme, un tourisme durable qui a le vent en poupe
Qu’est-ce que l’agrotourisme ?
Avez-vous déjà visité une petite exploitation agricole, peut-être durant votre enfance ? En avez-vous profité pour goûter des fromages ou différents miels fabriqués avec les ressources locales ? Ou bien pour récolter vos propres fruits et légumes ? L’agrotourisme, c’est exactement ça ! Plus simplement, ce qu’on appelle aussi « agrotourisme », est une forme de tourisme alternatif qui mêle agriculture et tourisme.
Les exploitants tirent ainsi parti de la richesse de leur travail pour promouvoir la découverte du monde agricole, à travers leur activité et leur histoire. Ils mettent ainsi en avant leur savoir-faire, leur artisanat et leurs bons produits. En Europe, c’est une pratique très développée (et encadrée) en Italie, et dans le paysage croate (en Istrie et en Dalmatie notamment). En Inde également, 85 % de la population dépend de l’agriculture ou de ses activités connexes.
Un tourisme vert plein de sens
Le tourisme vert, ou écotourisme, est un tourisme durable axé sur l’environnement. On y explore la nature à travers la découverte des écosystèmes, on se sensibilise à la préservation de la planète, et on s’éduque en voyageant. C’est aussi une opportunité de limiter son impact sur l’environnement :
- en empruntant des moyens de transports écologiques (train, vélo, transports en commun) plutôt que la voiture ou l’avion ;
- en logeant dans des lieux éco-conçus, par exemple auto-suffisants en eau et en électricité, pourvus de toilettes sèches… ;
- ou encore en diminuant ses déchets et en prenant le soin de trier.
L’agrotourisme est une des branches du tourisme vert. Les principes sont les mêmes, bien que le séjour se fera en milieu rural, chez l’agriculteur. En s’immergeant ainsi, le voyageur vit une expérience plus authentique, loin des activités à la chaîne des professionnels du tourisme.
L’agrotourisme en France : un secteur en plein essor
En France, l’agrotourisme est réputé pour ses expériences gastronomiques et œnologiques, mais aussi pour ses labels patrimoniaux et Made in France. Il s’est développé autour de 2 réseaux : « Bienvenue à la ferme » et « Accueil paysan ». Le premier a vu le jour en 1988 et compte aujourd’hui près de 8 000 professionnels de l’agriculture adhérents. Le second, créé en 1987, a un carnet d’adresses de 1 200 structures partenaires.
Preuve du succès de la démarche, Airbnb s’est récemment emparé du sujet et compte désormais près de 6 000 hôtes à la ferme. La plateforme de location de logements entre particuliers s’est d’ailleurs associée depuis 2018 au label Bienvenue à la Ferme et à MiiMOSA, une plateforme de financement participatif au service de l’agriculture. Ensemble, les 3 organismes mettent en avant des porteurs de projets dans l’agrotourisme. Les particuliers peuvent ainsi contribuer au financement des projets, et les futurs hôtes bénéficient d’une belle visibilité.
Dans un contexte Covid, le succès de l’agrotourisme se confirme. Déjà à l’été 2020, après plusieurs mois de confinement, les citadins se sont tournés vers des vacances à la ferme. Ils ont favorisé un séjour en pleine nature et loin des bains de foules caractéristiques des bords de mer. Or la tendance semble être identique en 2021, avec un « repli domestique » attendu : 95 % des voyageurs devraient rester en France, contre 75 à 80 % en temps normal. C’est ainsi l’occasion pour le touriste français de se ressourcer et de découvrir les espaces naturels typiques de nos régions.
Les activités liées à l’agrotourisme
Les hôtes rivalisent d’inventivité pour offrir aux touristes un séjour à la ferme inoubliable, autour de 3 axes :
- l’hébergement : gîtes ruraux, camping à la ferme, chambres d’hôtes ou même hébergements chez l’habitant ;
- la restauration : fermes-auberges, goûters à la ferme, vente de produits fermiers, table d’hôtes, dégustations… ;
- la pédagogie et les loisirs : fermes pédagogiques, accueil d’enfants, séjours équestres, loisirs sportifs, œnotourisme, fabrication et affinage de leurs produits agricoles…
La richesse et la variété des activités est infinie. Chaque exploitation possède en effet ses propres caractéristiques, son histoire et ses anecdotes. Voici quelques exemples d’agrotourisme portés par d’anciens écopreneurs :
- La Safranière du Val d’Arly : des stages en botanique au sein même de la culture de safran de Dominique, dans les Alpes ;
- Un gîte au Pré : un séjour à la ferme avec Babette et Denis, où vous pourrez découvrir un élevage d’animaux (vaches laitières, cochons, chèvres) et une fromagerie.
Une activité importante et nécessaire
L’agrotourisme offre une occasion unique de combiner le tourisme à l’agriculture. Il présente en effet des avantages financiers, éducatifs et sociaux aux touristes, aux producteurs et aux communautés. Les avantages sont nombreux, à la fois pour les professionnels, mais aussi pour les voyageurs et l’économie des régions.
Un vecteur de croissance économique et de diversification
Les exploitations agricoles ne sont pas toujours très bénéfiques ni rentables, si l’on rapporte le revenu au nombre d’heures travaillées. De plus, la saisonnalité et les intempéries (sans parler des crises sanitaires) fragilisent encore plus l’activité. C’est là que l’agrotourisme intervient. Cela aide à générer des revenus supplémentaires et récurrents pour les producteurs :
- en monétisant des séjours en chambre d’hôtes ou en gîtes ;
- en organisant des activités autour de son métier ou d’une thématique nature ;
- ou encore en développant un réseau de vente directe aux consommateurs, en circuits courts.
C’est un moyen intéressant particulièrement pour les jeunes agriculteurs, qui peuvent avoir des difficultés durant leurs premières années d’exploitation.
Une valorisation de la production agricole en France
En France, le secteur agricole n’est pas des plus valorisés. Entre la pénibilité du travail, la pression des distributeurs et les revenus agricoles souvent anecdotiques, le métier n’attire pas les foules. Aussi, en contribuant au développement de l’agrotourisme, les agriculteurs transmettent leur passion. Toute l’économie rurale est mise en valeur. Les pratiques parfois ancestrales et la biodiversité sont ainsi valorisées.
Une tourisme éducatif pour les voyageurs
En tant que consommateurs, il est important de maintenir une relation saine avec nos aliments et autres produits du terroir. Le tourisme rural est donc un biais idéal pour acquérir des connaissances sur la source et l’histoire de ceux-ci. Connaissez-vous la différence entre les cultures bio ou standard ? Savez-vous comment la laine des moutons est transformée en pelotes de dizaines de couleurs ? Ou encore comment est affiné votre fromage préféré ?
Les petits comme les grands ont tout à gagner de ces voyages éducatifs, qui créent une plus grande connexion avec la source de notre alimentation, et forment des éco-consciences pour l’avenir.
La découverte des territoires parfois délaissés
Pendant de nombreuses années, les zones rurales ont été désertées, à la fois par les habitants et les touristes. Malgré tout, on assiste dernièrement à un regain d’enthousiasme vis-à-vis de la campagne. L’envie de se mettre au vert, d’échapper à la pollution et au stress des grandes agglomérations, de faire grandir ses enfants dans un environnement plus naturel… Nombreuses sont les raisons qui conduisent à l’exode urbain.
Ce phénomène a été exacerbé suite à la crise du Covid, notamment dans le secteur du tourisme, avec des voyageurs enthousiastes à l’idée de (re)découvrir les territoires français. Les initiatives de tourisme vert se multiplient, et c’est tant mieux pour l’économie de nos régions.
Un tissu d’entreprises éco-responsables
L’agrotourisme est un parfait exemple d’entrepreneuriat social, cher à l’Économie Sociale et Solidaire (ESS). Les exploitants agricoles permettent de contribuer au développement local des territoires ruraux, en attirant des nouveaux voyageurs. Les avantages sont multiples :
- leur propre entreprise génère parfois des revenus supérieurs à leurs activités agricoles ;
- la communauté territoriale bénéficie des touristes qui consomment chez les acteurs locaux ;
- les voyageurs sont sensibilisés à l’écologie et aux problématiques environnementales ;
- les territoires ruraux gagnent une nouvelle dynamique et certaines régions, délaissées au profit de zones ultra-touristiques, ont un regain d’intérêt.
Se lancer dans l’agrotourisme
Vous avez une exploitation agricole et vous voulez un complément de revenu ? Ou bien transmettre votre savoir ? Vous pourriez par exemple songer à vous lancer dans l’agrotourisme. Voici quelques pistes à explorer avant de vous lancer.
Définir son projet d’agrotourisme
Votre projet dépendra bien entendu de votre activité principale, mais aussi des ressources à votre disposition ! Voici quelques idées :
- ferme d’animaux : initier à la traite, balades à dos d’animaux (ânes ou poneys), tonte des moutons, nourrissage des animaux, visite du processus de transformation des produits laitiers (fromages, beurre, crèmerie…), vente directe des produits de la ferme ;
- cultures de fruits et légumes : initiation à la l’agriculture biologique ou à la permaculture, initiation à la culture bio, cueillette, vente directe de produits ;
- cultures de céréales : transformation des matières premières, vente de produits finis
- vignes : visite des caves, dégustation, vente en direct ;
- terrains inexploités ou corps de ferme à réhabiliter : emplacements de camping, gîtes à la ferme, labyrinthes de maïs, course d’orientation thématique…
Vous devrez également prendre en considération l’aspect financier. Rassurez-vous, des aides et subventions existent, il faudra pour les connaître vous renseigner auprès des Chambres d’Agriculture. Vous pourrez aussi vous faire aider pour évaluer la faisabilité économique du projet.
Choisir une formation à l’agrotourisme
Pour développer une activité touristique, il est essentiel de vous former. Renseignez-vous encore une fois à la Chambre de l’Agriculture de votre région. Il existe par exemple le certificat de spécialisation « Tourisme vert, accueil et animation en milieu rural ». Vous pourrez aussi trouver d’autres formations vous permettant de mettre en œuvre un projet bien spécifique : aménager un gîte pour l’accueil touristique, construire un four à pain en terre crue, savoir communiquer sa passion, se former à l’accueil pédagogique, verrouiller les aspects juridiques…). Vous pouvez enfin contacter les réseaux Accueil Paysan et Bienvenue à la Ferme, ou vous renseigner auprès d’agriculteurs qui ont sauté le pas.
One Response
Moi, je connais l’écotourisme. Je commence par apprendre et surement que je vais entreprendre aussi dans le domaine de l’agrotourisme.
Merci d’avoir éveillé ma conscience.