Et si on trouvait des alternatives aux énergies fossiles ? C’est le pari fou que tentent de relever Victorien Erussard et Jérôme Delafosse, associés sur le projet Energy Observer. Un catamaran qui parcourt le monde pendant 6 ans en étant 100% autonome, c’est aujourd’hui possible. L’expédition est aujourd’hui retracée dans un documentaire : Les Messagers de la Terre.
Nous ne pouvons que vous recommander de visionner ce documentaire, totalement en phase avec les valeurs d’Ecopreneur. Nous y découvrons les pionniers d’un monde plus positif, porteurs de projets écologiques et durables, et dont la résilience ne peut être qu’admirée et saluée. Pour nous, c’est une preuve supplémentaire que notre démarche d’accompagnement des entrepreneurs éthiques de demain est essentielle. Pour ceux qui préfèrent la lecture au visionnage, nous avons retracé dans cet article l’histoire de l’Energy Observer, et les 8 enseignements que l’on peut tirer de ce film fascinant.
L’Energy Observer : le catamaran autonome en énergie
À l’origine du projet de l’Energy Observer, il y a Victorien Erussard, skipper et officier de la Marine Marchande. Lors d’une course en catamaran, il se retrouve en panne de carburant. Il est alors dans l’impossibilité d’avancer ou de communiquer avec la terre ferme. C’est là que lui vient l’idée d’un navire complètement autonome en énergie. En 2013, il initie le projet Energy Observer, et récupère un catamaran de course construit en 1983. Pendant 4 ans, c’est une équipe d’une cinquantaine d’architectes, d’ingénieurs, de navigateurs qui œuvrent pour concevoir et fabriquer ce navire, symbole de la révolution énergétique. Objectif : parcourir le monde pendant 6 ans (2017-2023), visiter 50 pays et faire 101 étapes à la rencontre des pionniers de la transition écologique dans le monde. Victorien Erussard sera le capitaine. Jérôme Delafosse, explorateur environnementaliste, sera le chef d’expédition.
L’équipe a une ambition : réaliser un bateau entièrement autonome en utilisant des ressources naturelles, quasi-illimitées. À disposition : du solaire, de l’éolien, de l’hydrolien. Le mât d’origine a laissé place à une voile de traction. 140 m2 de panneaux solaires (des verriers sur-mesure) ont été installés, de sorte à laisser passer la lumière naturelle dans les espaces de vie. Des éoliennes en composite ont été mises en place sur le pont, pour utiliser la force du vent. Enfin, un moteur à hydrogène a été conçu dans les flotteurs, pour permettre de fabriquer de l’hydrogène à partir d’eau de mer électrolysée. L’énergie ainsi stockée n’est libérée que s’il n’y a ni vent, ni soleil, et permet d’assurer 4 jours d’autonomie au catamaran et à son équipage. Véritable laboratoire flottant des nouvelles énergies, toutes les technologies à bord sont des prototypes conçus spécialement pour l’expédition. À l’eau depuis 2017, le navire a déjà parcouru plus de 70.000 km, et adapte continuellement ses procédés.
Une expédition au service de la transition écologique
Le projet Energy Observer va au-delà de ses ambitions de créer un modèle énergétique d’avenir, applicable aux villes et partout dans le monde. En partant à la rencontre des initiateurs d’un monde plus positif, Jérôme Delafosse souhaite mesurer l’impact de l’homme sur le milieu marin, sur la biodiversité et l’environnement en général. Dans le documentaire Les Messagers de la Terre, on y découvre 4 projets, 4 initiatives locales, qui méritent d’être déployées à grande échelle :
- Frédéric Tardieu, sur l’île de Palawan aux Philippines, a pour projet de restaurer le récif corallien ;
- Godfrey Nzamujo a ouvert le centre Songhaï au Bénin, pour former les futurs agriculteurs biologiques de toute l’Afrique ;
- Rob Hopkins, fondateur du mouvement Transition Town Totnes, nous prouve qu’une économie alternative, basée sur l’entraide, le local et le bio peut fonctionner ;
- enfin, le peuple Kogi, en Colombie, vit de la même manière aujourd’hui qu’il y a 500 : au rythme de la nature.
C’est le genre de projet que nous adorons et que nous valorisons auprès de notre communauté, chez Ecopreneur. Voici les enseignements que nous en retirons.
8 leçons à retenir de l’aventure Energy Observer
1- Utiliser les ressources à notre disposition
L’expédition, à travers le navire en lui-même et ses rencontres, nous pousse à réfléchir à l’utilisation de nos ressources. À bord de l’Energy Observer, la réserve d’hydrogène n’est utilisée qu’en dernier recours.
Au centre Songhaï, qui forme les futurs agriculteurs d’Afrique et d’ailleurs, c’est la même philosophie qui est pratiquée. Rien ne se perd, tout se crée, tout se transforme. Les déchets organiques sont recyclés en biogaz pour alimenter les cuisines de la ferme, ou en compost. Les machines-outils agricoles sont fabriquées ici, avec des matériaux de récupération. Sur l’île de Palawan, Frédéric Tardieu fait renaître les coraux à l’aide de tuteurs en béton mis au point par ses équipes, et de boutures issues de coraux détachés mais vivants. En faisant preuve de créativité, on peut utiliser et réutiliser tout ce qui se trouve à portée de main.
2- Réinventer nos métiers
Les exemples de reconversion dans le documentaire Les Messagers de la Terre sont édifiants : de cadre dirigeant dans une multinationale du pétrole à spécialiste en glaces artisanales italiennes, de promoteur immobilier à président d’une fondation pour la préservation des fonds marins…
Ces personnes ont choisi de changer de vie pour y donner du sens. Mais sans aller jusqu’à une reconversion radicale, il existe tellement d’opportunités de transposer son métier dans la transition écologique et sociale. C’est ce qu’ont fait plusieurs de nos écopreneurs, qui vivent aujourd’hui en accord avec leurs valeurs. Si vous souhaitez sauter le pas comme eux, inscrivez-vous à notre webinaire gratuit, et découvrez comment l’accompagnement Ecopreneur peut vous aider à réaliser votre projet.
3- Repenser son rapport à l’argent et aux possessions
Dans le documentaire, on voit beaucoup d’exemples de personnes qui se sont reconverties, ont changé de vie professionnelle, de cadre de vie. Souvent, les pertes de salaire sont énormes, comme pour Johann, qui a ouvert son commerce de glaces italiennes artisanales à Totnes : ses revenus ont été divisés par trois. Pour autant, on découvre un homme heureux, qui vit désormais selon les principes du minimalisme. Finalement, nous avons besoin de bien moins que ce que nous possédons pour vivre mieux.
4- Repenser son rapport aux autres
Face à l’individualisme, on voit émerger de belles initiatives, comme à Totnes. Rob Hopkins y a créé une brasserie artisanale en 2013 (lire aussi le témoignage de Johann, houblonnier en Île-de-France).
Le projet a été entièrement financé par une centaine d’investisseurs citoyens, sans emprunt bancaire ni aide gouvernementale. La majorité des commerces du centre-ville ont aujourd’hui adopté les principes d’une économie locale, bio et participative, où l’entraide tient une place essentielle. Vous pourriez vous aussi créer votre activité vertueuse et promouvoir ces valeurs locales et d’entraide. Découvrez comment en vous inscrivant à notre webinaire.
5- Oser se lancer dans l’entrepreneuriat vertueux
S’il y a bien une valeur mise en avant dans le documentaire, c’est celle d’oser. Oser rêver, oser imaginer, et surtout oser se lancer. Que ce soit dans des projets d’ampleur, complètement innovants, ou lancer un commerce ou une activité plus en phase avec ses valeurs, les exemples d’entrepreneuriat vertueux sont multiples.
Prêt à changer de vie ? Découvrez-en plus sur le programme Ecopreneur : vous pourrez alors accéder à un accompagnement personnalisé pour mettre en place votre projet. Vous avez envie de donner du sens à votre vie professionnelle, mais cherchez encore la voie qui vous convient ? Lisez notre article et trouvez LA bonne idée pour votre création d’entreprise écologique et éthique.
6- Vivre au rythme de la nature, s’inspirer et redécouvrir celle-ci
En Colombie, dans la Sierra Nevada, les Kogis sont l’un des derniers peuples à n’avoir pas rompu leur lien avec la nature. Ils vivent aujourd’hui uniquement du troc et de l’entraide, de leurs cultures et de la cueillette. Chaque action est évaluée en fonction de son impact sur l’environnement, pour protéger la nature. L’expédition de Victorien Erussard est également un bon exemple de Slow Travel. À court de soleil et de vent, le capitaine a décidé de limiter la vitesse du catamaran pendant quelques jours le temps de retrouver des conditions plus favorables. Voici deux exemples que l’on peut vivre en harmonie avec la nature, à son rythme.
Découvrez, en vidéo, quelques instants de leur parcours ci-dessous ou vivez l’aventure avec grâce à leur journal de bord :
7- Enseigner et propager les initiatives à travers le monde (ou dans votre ville)
Les merveilleuses initiatives locales lancées par Frédéric Tardieu, Godfrey Nzamujo et Rob Hopkins prennent aujourd’hui une dimension internationale. Frédéric fait le tour des villages aux alentours de l’île Palawan pour les convaincre de créer des aires marines protégées. Il est aujourd’hui sollicité pour enseigner sa technique de restauration des coraux. Godfrey Nzamujo reçoit des étudiants de toute l’Afrique, qui créent à leur tour des exploitations rentables et en harmonie avec la nature, aux 4 coins du continent. Rob Hopkins promeut le modèle économique de Totnes. Il existe aujourd’hui des initiatives issues de son mouvement dans plus de 50 pays dans le monde. Enfin, l’Energy Observer continue son périple autour du monde au moins jusqu’en 2023, pour montrer qu’un futur alternatif et bien plus réjouissant est possible.
Energy Observer : qu’est ce qu’on en pense ?
Plus qu’une simple expédition, c’est le modèle énergétique et social du futur que l’on découvre avec l’Energy Observer. Les prouesses technologiques du catamaran solaire présagent d’un avenir possible sans recours aux énergies fossiles. Prendre son temps, suivre la nature, être résilient, pour avancer autrement et tracer de nouvelles routes : c’est la philosophie que l’on retiendra du documentaire Les Messagers de la Terre.
*Crédits photos : Energy Observer via https://www.energy-observer.org/fr/a-propos